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Compère-Morel, Adéodat (1872-1941)

  • identifiant

    ISNI 0000 0000 8359 0683

  • Description

  • Dates d'existence

    1872-1941
  • Présentation

    Adéodat Compère naquit à Breteuil le 4 octobre 1872. Dès l’âge de treize ans, il quitta l’école primaire pour aider au travail paternel en tant qu’horticulteur. En 1893, il épousa à Breteuil Jeanne Marguerite Morel dont il prit le nom en même temps qu’il lui donnait le sien.

    Acquis aux idées socialistes, Compère-Morel se donna dès l’âge de dix-huit ans à la propagande et organisa quelques groupes dans le département. En 1891, il adhéra au POF dont il fut le secrétaire pendant quatorze ans. Il suivit le POF au Parti socialiste de France en 1902, à la SFIO en 1905, et fut à plusieurs reprises leur porte-drapeau aux élections législatives. Il fut conseiller municipal dans sa commune de Breteuil en 1902, puis fut maire de 1904 à 1915.

    Le Parti socialiste, désireux d’élargir son audience dans les milieux paysans, porta son attention sur Compère-Morel. Le conseil national du 1er novembre 1907 le nomma délégué suppléant à la propagande. Il se présenta à l’élection législative partielle d’avril 1909 dans la circonscription d’Uzès où il fut élu le 18 avril. Il abandonna la délégation à la propagande et, le 31 juillet 1910, fut élu conseiller général de Villeneuve. Il fut député du Gard de 1910 à 1936. Compère-Morel siégea constamment à la commission de l’Agriculture de la Chambre des députés et en était le vice-président quand il quitta le Parlement en 1936. Mais il ne se confina pas à l’agriculture et se mêla étroitement de tous les aspects de l’action parlementaire socialiste.

    Le 2 novembre 1911, dans la discussion générale du budget du travail, il prononça un discours sur l’action syndicale ouvrière qui souleva l’émotion du groupe socialiste et du parti. Dans la ligne guesdiste, Compère-Morel subordonnait l’abolition du salariat et la transformation sociale à la prise du pouvoir politique, et, en conséquence, réservait au Parti socialiste, au mouvement politique de la classe ouvrière, le rôle primordial. Il accordait au syndicalisme, comme à l’action communale et à la coopération, un rôle pratique : rassembler les travailleurs pour la défense de leurs intérêts immédiats.

    Très engagé dans la vie du Parti socialiste, il assista à tous ses congrès pour l’Oise jusqu’en 1909 (sauf à celui de Chalon d’octobre 1905), pour le Gard ensuite et il y jouait un rôle actif. Entré à la CAP au congrès d’Amiens (janvier 1914), il y siégea son interruption jusqu’en 1933. Il fut à maintes reprises l’animateur de sa presse. Lorsque monta la menace de guerre, il apparut comme un des chefs de file du Parti socialiste. Aux côtés de Renaudel et de Sembat, il fut momentanément chargé de la direction de l’Humanité.

    La guerre déclenchée, Compère-Morel soutint constamment la politique de défense nationale, tout en étant très réticent sur la participation ministérielle. En 1915, il demandait, en vain, que cessât toute collaboration gouvernementale. Il souhaitait limiter au plan technique la participation à la défense nationale. Il accepta lui-même les fonctions de commissaire à l’Agriculture que lui confia le décret du 24 décembre 1917. Il était spécialement chargé de la culture des céréales et de la vigne. Il abandonna ce poste le 5 mai 1919. Il fut un des animateurs de la politique propre de défense nationale du Parti socialiste. Il appartint au Comité d’action créé pour aider à la défense du pays. Il prit résolument position contre la minorité pacifiste qui s’affirmait dans le Parti socialiste. Il fut le leader des quarante élus qui protestèrent publiquement contre l’adhésion donnée par le conseil national du 27 mai 1917 à la conférence convoquée à Stockholm par les socialistes russes et scandinaves. Contre les courants nouveaux qui remettaient en cause la politique de guerre du Parti socialiste, il lança le quotidien La France libre qui, dans son premier numéro du 2 juillet 1918, rappelait « la solidarité étroite qui existe entre les intérêts du prolétariat et les intérêts nationaux ». Il défendit une motion de la Fédération du Gard pour le maintien de l’unité du Parti socialiste (25 décembre 1920).

    La scission consommée, il demeura avec la minorité dans une SFIO reconstituée. Il dota la SFIO d’un quotidien, Le Populaire. Organe de la minorité du temps de guerre, Le Populaire devenu un journal parisien du soir sous la direction de Jean Longuet, fut transformé en quotidien du matin, organe du Parti socialiste. Compère-Morel entra à son conseil d’administration et de direction. Le journal devint bimensuel, avant de reparaître quotidiennement en 1927 sous la direction de Léon Blum.

    À l’heure où le Parti communiste lui disputait les masses ouvrières, Compère-Morel permit au Parti socialiste de se tourner plus résolument vers les travailleurs des champs, en orientant vers eux sa pensée et ses revendications. Il se fit le théoricien de la doctrine agraire du socialisme.

    Au moment où elle allait s’achever, la vie politique de Compère-Morel s’infléchit brusquement et sa durée en fut sans doute abrégée. Fidèle à sa ligne passée, il avait combattu de 1924 à 1933, l’idée de la participation ministérielle des socialistes. Brusquement, il se rallia à la fraction qui la préconisait de façon de plus en plus pressante et qui souhaitait une étroite collaboration avec le parti radical, derrière Renaudel et Déat. Le 23 octobre, il compta parmi les vingt-huit députés socialistes qui rompirent l’unité de vote du groupe parlementaire en votant en faveur des projets financiers du cabinet Daladier. Le conseil national le remplaça par Jean Lebas à l’administration du Populaire. Le 9 novembre, il s’inscrivit au groupe parlementaire dissident et quitta la SFIO pour le Parti socialiste de France appelé couramment parti néo-socialiste. Il lança le journal L’Appel dont la vie fut brève. Cette rupture marquait le terme de sa carrière parlementaire. En 1936, il ne sollicita pas le renouvellement de son mandat de député.

    L’effondrement de 1940 le conduisit au ralliement à Pétain et il écrivit dans l’Effort du 27 janvier 1941 : « Puisque le Maréchal vous couvre, dans toute la plénitude de ses responsabilités, à collaborer avec l’Allemagne, dans l’œuvre de restauration et de résurrection européenne, « collaborons » sans réticence, sincèrement, ouvertement, cordialement, résolument ».

    Il s’éteint le 3 août 1941 à Sernhac, dans le Gard.

  • Fonctions et activités

    Député
  • Militant politique
    Responsabilités éditoriales dans des comités éditoriaux
    Écrivain
  • Domaine

    Domaine disciplinaire : SHS6 Mondes anciens et contemporains ; SHS2 Normes, institutions et comportements sociaux

    Sous-domaines disciplinaires : SHS6_1 Histoire ; SHS2_2 Science politique

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  • Sources de la notice

  • Relations avec d'autres entités

  • Centre d'histoire sociale des mondes contemporains (Paris ; 1966-...)
  • Le Centre d’histoire sociale des mondes contemporains est collecteur du fonds.

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