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Raymond-Louis Lefebvreidentifiant
ISNI 0000 0000 8372 2471
DescriptionDates d'existence
1891-1920Présentation
Né le 24 avril 1891 à Vire (Calvados). Disparu en mer au large de Mourmansk à l’automne 1920. Écrivain, journaliste. Membre du Parti socialiste SFIO (1916-1920) ; membre du comité directeur du mouvement Clarté (1919-1920) ; membre du Comité pour la IIIe Internationale (1919-1920) ; créateur de l’ARAC ; journaliste au Populaire, au Journal du Peuple, à L’Humanité, à Clarté. Entre 1917 et 1919, il entretient une relation amoureuse avec Méla Muter, artiste-peintre d'origine polonaise.
Raymond-Louis Lefebvre est issu d'un milieu bourgeois et calviniste. Entre 1908 et 1910, Raymond poursuit des études littéraires au Lycée Janson-de-Sailly, où il rencontre Paul Vaillant-Couturier, qui devient son ami. Tout en préparant une licence d'histoire et de géographie à la Sorbonne, qu'il obtient en 1912, il étudie à l'École libre des sciences politiques.
Marqué par les valeurs chrétiennes mais déjà influencé par certaines idées socialistes voire libertaires, le jeune étudiant est alors hostile à la bourgeoisie libérale et anticléricale qui détient le pouvoir depuis les premières années du siècle. Lecteur de Jarry et de Barrès, Lefebvre est ainsi attiré aussi bien par l'Action française que par la Confédération générale du travail.
Dès 1911, l'internationalisme de Lefebvre le rapproche des milieux pacifistes qui militent pour la paix entre la France et l'Allemagne. Quand éclate la Première Guerre mondiale, Lefebvre est mobilisé et à nouveau affecté comme infirmier dans un hôpital. En 1916, il est blessé lors de la bataille de Verdun. Rendu momentanément amnésique et muet par une commotion cérébrale, il est évacué du front et soigné dans un hôpital de Lyon. Réformé et rentré à Paris, il participe, avec Vaillant-Couturier et Henri Barbusse, à la fondation de l'Association républicaine des anciens combattants (ARAC) en novembre 1917.
Adhérent de la SFIO depuis 1915 ou 1916, Lefebvre est l'auteur de nombreux articles pour La Vérité, La Vie ouvrière, L'Humanité et Le Populaire, qui est alors l'organe des minoritaires pacifistes du parti, sous la direction de Jean Longuet.
Dès cette époque, il prône le ralliement de toute la gauche révolutionnaire à la Troisième Internationale, ou Internationale communiste (IC), initiée par les bolcheviks et à laquelle il adhère individuellement en août 1919. Devenu nettement hostile au réformisme et à la social-démocratie, voire à la démocratie, il érige la révolution et la dictature bolchévique en un modèle qu'il faudrait, selon lui, adapter aux réalités françaises.
En juillet 1920, malgré le refus des autorités françaises de lui délivrer un passeport, Raymond Lefebvre se rend à Moscou, en compagnie des syndicalistes Jules Lepetit et Marcel Vergeat, afin de prendre part au deuxième congrès de l'IC et de pouvoir observer les changements opérés par la Révolution. Après le congrès, les trois Français se rendent en Ukraine avec Jacques Sadoul puis, en septembre, ils sont rejoints pendant quelques jours par Victor Serge. Pendant son séjour, Lefebvre signe le manifeste du Proletkoult de Lounatcharski.
À l'arrivée de l'automne, les trois militants auraient tenté de rentrer en France. Faute de passeports et craignant d'être bloqués à la frontière estonienne, ils auraient décidé, à l'instar de camarades tchécoslovaques, de gagner la Norvège par la mer. Le soir du 28 septembre ou le matin du 29, ils auraient ainsi embarqué à bord d'un petit bateau à voile à Vaïda-Gouba, petit port de la péninsule de Rybatchi situé près de la frontière finno-russe.
Le 25 novembre, le représentant à Stockholm du commissariat des Affaires étrangères de la République soviétique fédérative, Frédéric Ström, reçoit un message de Vardø annonçant que « les camarades français [ainsi que les quatre pêcheurs qui les accompagnaient] ont vraisemblablement péri le 1er octobre entre Vaidaguva [Vaïda-Gouba] et Vardoe [Vardø] ». Ström émet l'hypothèse d'une arrestation par la Garde blanche finlandaise mais juge plus « vraisemblable » un « accident » de navigation dû à un orage. Cinq jours plus tard, sur la foi de télégrammes reçus de Vardø et de Mourmansk, les communistes suédois annoncent à leurs homologues français la confirmation de la mort des trois hommes.
Immédiatement, cette disparition mystérieuse éveille des suspicions. Ainsi, dès le 2 décembre, dans le journal de droite Le Figaro, Louis Latzarus évoque la possibilité d'un assassinat politique : Lénine ou Trotsky auraient voulu éliminer des « enquêteurs trop clairvoyants », les trois militants ayant rédigé des lettres plutôt critiques sur le régime bolchévique.En janvier 1921, la piste de l'assassinat politique est appuyée par le Morning Post, dont le correspondant en Norvège fait état d'un télégramme envoyé de Vardø expliquant que les trois hommes auraient embarqué sur le cutter du socialiste scandinave Bodin et que le bateau aurait été arraisonné par les agents de Lénine, qui auraient jeté les Français par-dessus bord. Un autre télégramme, adressé depuis Réval et diffusé par l'agence de presse du socialiste anti-bolchévique Boris Savinkov rapporte les mêmes faits et précise que les agents russes en auraient profité pour saisir des papiers. Criant au « mensonge » et à la « diffamation », L'Humanité réplique en publiant un nouveau télégramme de Ström en faveur de la thèse officielle d'un naufrage. La thèse de l'assassinat, répandue à droite, est également partagée par des anarchistes tels qu'Armando Borghi et François Mayoux.
Dans ses souvenirs, l'ex-militant communiste anti-stalinien Marcel Body estime que la thèse officielle d'un naufrage n'est pas plausible et soupçonne l'implication de Grigori Zinoviev, alors président du Komintern, dans la disparition des trois Français.
Fonctions et activités
Journaliste- Responsabilités éditoriales dans des comités éditoriaux
Écrivain
Militant politique Consulter les fonds en lien
Sources de la notice
Relations avec d'autres entités
- Centre d'histoire sociale des mondes contemporains (Paris ; 1966-...)
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