Les archives d’Yves Person, comme de nombreuses archives de scientifiques, sont hybrides : produites par un agent de l’Etat dans l’exercice de ses activités de recherches, elles constituent des archives publiques, cependant, étant donné qu’elle sont également le reflet d’autres activités du producteur, elles sont aussi des archives privées, la difficulté étant de distinguer la limite entre les deux. Ici, l’originalité vient du fait qu’elles ne reflètent pas uniquement les activités de recherche d’Yves Person mais également sont travail d’administrateur de la France d’Outre-mer, ses activités militantes, universitaires, son intérêt pour la défense des cultures et des langues minoritaires, ses publications etc.
Les archives d’Yves Person contiennent :
- Des documents à caractère biographique (archives personnelles, papiers relatifs à sa formation et à sa carrière)
- De la correspondance : personnelle, universitaire et scientifique, politique et militante
- Des archives concernant la période où il est administrateur au Dahomey, en Guinée et en Côte-d’Ivoire
- Des papiers concernant ses engagements politiques (au PSU puis au PS, son engagement pour les cultures minoritaires, des engagements associatifs) et la région dont sa famille est originaire et qu’il n’a cessé de défendre toute sa vie : la Bretagne
- Les archives relatives à ses activités de recherche (sa thèse et l’Afrique bien sûr, mais aussi de nombreux dossiers thématiques et des notes de lecture)
- Des papiers reflétant ses activités universitaires et institutionnelles (cours dans différentes universités, encadrement de travaux d’étudiants, relations scientifiques et institutionnelles, participation à de nombreux colloques, Centre de recherches africaines)
- Des dossiers concernant les articles et ouvrages qu’il a publiés (études historiques mais aussi articles plus « politiques »)
- Enfin, un nombre important de cartons contenant de la documentation accumulée au fil des années (tirés à part, textes de communications, copies d’articles, revues etc.)
Yves Person est l’un des premiers historiens à travailler à la fois sur les archives coloniales (dont les archives de l’armée) et sur les traditions orales. Ses archives reflètent ainsi cette évolution méthodologique ; si l’on trouve des documents se référant au travail dans les services d’archives (notes manuscrites, documents administratifs, fac-similés ou photocopies d’archives coloniales etc.), une grande partie des archives conservées dans les boîtes concernant l’Afrique consistent en de grandes feuilles de notes manuscrites prises lors d’entretiens des africains, détenteurs de la mémoire concernant Samori (Yves Person a interrogé en tout 861 informateurs). Ses notes sont en français, mais malheureusement non datées. Elles ont pu être replacées dans un cadre géographique grâce à la présentation des informateurs dans la bibliographie du tome 3 de sa thèse. Prises « sur le vif », ces notes, même si elles sont d’un grand intérêt, sont parfois difficilement identifiables, comme le confesse lui-même Yves Person dans sa thèse : « Pour l’instant, j’ai seulement archivé une énorme masse de papiers difficilement utilisables pour un autre que moi-même » (p. 2056). Outre ces notes manuscrites, certains informateurs ont directement envoyé des textes tapuscrits et dactylographiés à Yves Person, ou bien il les a obtenu de seconde main.
Les archives d’Yves Person sont précieuses pour étudier non seulement son apport à l’histoire de l’Afrique, mais également pour appréhender le contexte familial, intellectuel, institutionnel et politique dans lequel il a travaillé. Permettant de comprendre les pratiques concrètes de la recherche (notamment grâce aux documents « de terrain »), elles sont très utiles pour le développement d’une histoire des sciences sociales. Au vu des activités militantes d’Yves Person, elles permettent également l’étude de l’engagement politique des intellectuels.
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